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La rivière de mes passions & des parfums
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10 janvier 2008

" Un secret "

de Philippe Grimbert... qui fut autrefois Grinberg (en prononçant bien le "i" et le "n" phonétiquement et non pas comme "un" dans Grimbert).
Le Secret touche également à l'assimilation et à la perte d'identité qu'elle entraîne.
Le secret, c'est celui que Louise, une infirmière voisine et amie de ses parents, va progressivement révéler au jeune héros (dont nous ne connaîtrons jamais le prénom dans le roman) au lendemain de ses quinze ans. Dans le film, il s'appelle François...
Conscient du malaise qui l'entourait, celui-ci s'était inventé un frère aîné dont la supériorité physique l'empêchait littéralement de grandir. Mais ne pouvant imaginer un roman familial aussi douloureux que celui qu'il allait découvrir, il s'était imaginé une famille idéale dont il était l'enfant unique et aimé. Il avait toujours pensé que si ses parents étaient partis se réfugier à Saint-Gaultier, dans l'Indre, pendant l'Occupation, c'était uniquement à cause des privations et des conditions de vie difficiles à l'époque à Paris.
Le style de Philippe Grimbert est sobre. Le suspense va crescendo, tous les secrets nous sont révélés progressivement sans qu'aucun détail ne reste dans l'ombre, jusqu'à la tragédie finale, qui nous frappe de plein fouet.
Toutes ces douloureuses révélations vont finalement délivrer le narrateur: "Depuis que je pouvais les nommer, les fantômes avaient desserré leur étreinte: j'allais devenir un homme". Ces conversations avec Louise vont agir comme une véritable thérapie et l'auteur confie, au détour d'une phrase l'influence qu'elles ont exercées dans son choix de devenir psychanalyste.

un_secret_1

J'ai terminé le roman et vu le film le même jour, dimanche 30 décembre 2007.
J'ai vu le film sur les Champs Elysées au Georges V avec Isabelle, la maman de doudou chéri, qui est remontée à Paris après Noël, pour passer une semaine et la fin de l'année avec nous.
C'est une histoire qui me touche, sous plusieurs formes et de différentes manières.

La famille paternel de mes p'tits loups est juive sefaraddi ou sepharad, même si aujourd'hui certains se sont mariés avec des ashkenazims ou ashkenaz, je connais beaucoup de son histoire.
Un de leur arrière grand-père s'est évadé d'un camp nazi et a été malheureusement repris retransféré et gazé... son fils le grand-père paternel de mes fils est resté caché à Marseille durant toute la guerre. Au lendemain de celle-ci, il a été envoyé en Algérie chez une tante parce qu'il avait perdu son père, sa mère et son frère dans cette folie meurtrière nazi.
Et c'est sur la terre algérienne qu'il a rencontré et épousé la grand-mère de mes fils.
Moi, pour eux je suis goy (non juive) mais je leur ai beaucoup appris quand ils me transmettaient leurs coutumes, si je le pouvais je leur en expliquais la signification culturelle, et ma belle-mère appréciait beaucoup.

Pour une origine différente mais pour des raisons similaires, un grand-oncle de mes fils a changé son patronyme à son arrivée en France au début des années 60.
Parce qu'être juif et porter un nom à consonance arabe était très compliqué et source de conflit avec la communauté ashkénaze et avec l'administration française aussi. Il faut savoir que les juifs d'Algérie avaient la nationalité française depuis la fin du 19 ième siècle, le 24 octobre 1870, un décret donne la citoyenneté française aux 37.000 juifs d'Algérie. Dans la foulée, les colons originaires d'Europe (Italie, Espagne, Malte,...) sont aussi francisés en bloc. Quant aux musulmans d'Algérie, ils sont ravalés au statut d'indigène. C'est le début d'une fracture douloureuse et irréductible entre les deux communautés.
Il a troqué le nom de Ben Saïd pour Brade qui faisait beaucoup plus français.
Plus de trente année plus tard, en février 1998, sur la tombe de son fils David (né en 1968), nous avons pleuré et lui a repris son identité, il a revendiqué haut et fort son patronyme et en hurlant sa douleur tenté de faire comprendre la stupidité de l'ignorance... mais pour combien de personnes et surtout pour combien de temps.

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  • Je crois à la grâce des présences mais je ne crois pas au hasard des rencontres. Les hommes vivent des passions extraordinnaires et des chagrins inoubliables. La vie nous réserve bien des surprises.
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