Ma passion Cathare... le château de Quéribus
... Ici je ne vous en ai pas encore parlé.
Ma région de prédilection, une véritable passion pour le pays catalan, les Pyrénées orientales... une partie de cet ancien pays cathare.
Pour découvrir le Pays Cathare et appréhender dans toute son ampleur la richesse et la profondeur historique qui s'exhalent de ses paysages, il faut savourer chacun de ses sites, pas à pas, comme on goûte à petites gorgées ses vins fruités et capiteux.
Au pied, le village d'Îlles sur Têt, le point culminant le mont Canigou...
On quitte la vallée pour remonter vers le pays de l'Aude, on abandonne les pêchers pour les vignes au pied de Quéribus...
Quéribus, le château aérien, bâti pour voir et pour voir loin...
Nul repli, nulle barre rocheuse ne peut arrêterla vue. Même la méditérranée offre son coeur palpitant au regard du guetteur.
Bien avant l'épopée Cathare, il commandait tel un doigt levé qui impose l'obéissance, tout le Fenouillèdes.
Puis l'hérésie et sa réplique sanglante, la croisade Albigeoise, embrasèrent la région. Quéribus, si perché, si fermé, si lointain, resistait encore quand Montségur n'était déjà plus qu'une légende.
Sur un ciel presque "violet" parfois à force d'être bleu, la citadelle taillée dans le roc par quelque géant audacieux semble enchâssée dans un écrin de pierre brute.
Par dessus le moutonnement anarchique des forêts et des vignes, l'ensemble du magnifique décor où trône le château de Quéribus vous transporte bien des siècles en arrière, comme un éclatant symbole directement concerné par de grands évènements militaires qui gardent comme tous ces châteaux cathares ancrée dans leur patrimoine, la trace réelle ou légendaire, d'une doctrine qui a contribué à forger leur identité.
Grossièrement cylindrique dans sa partie la plus haute, le château laisse couler sur la pente rocheuse une série de murs en chicane, épais, solides, indestructibles, contournés à grand-peine par des volées de marches suspendues au-dessus de l'abîme.
Il faut monter à Quéribus, tôt le matin, la lumière y est splendide, et pour ne pas peiner en plein soleil, en équlibre sur les roches taillées en larges marches.
Entre terre et ciel, une volée de marches...
Une autre...
En fait, il y a trois enceintes emboîtées, enchevêtrées qui épousent et confortent le relief compliqué du piton.
Bastions étroits, embrouillés, équipés de mâchicoulis, d'assommoirs, de meurtrières qui gardent la fraîcheur de ses épaisses murailles.
Mais il faut regarder toujours plus haut pour découvrir le donjon...
Quelle masse ! Insensible à l'usure du temps, il a gardé une bonne partie de ses défenses.
Quels conciliabules, quelles discussions, quels projets ces énormes murailles ont-elles abrités ?
Le plus bel élément architecturale du donjon est la fameuse "salle du pilier", de style gothique, dont la voûte repose sur un pilier central qui s'épanouit en huit nervures et quatres croisées d'ogives. Non pas en terme d'esthétisme à mes yeux mais surtout en terme de prouesse pour l'époque... suspendue au ciel du monde !
Fenêtres ouvertes sur ce ciel, cheminées, banquettes de pierre, tous ces vestiges semblent suspendus dans le vide et nous rapellent que les éboulements et les destructions peuvent occulter complètement la logique de la destruction.
Arrivé au sommet du donjon, c'est un peu moins difficile que le sommet du Canigou (je l'ai fait en 1990 et 1996) mais il existe là aussi un sentiment d'être au dessus du monde...
Prendre le temps de contempler ces paysages à la fois si grandioses et si profondément marqués par l'empreinte des hommes, c'est déjà faire un pas vers la compréhension d'évènements qui pourraient paraître étranges ou dépassés si les vestiges qui nous sont parvenus comme tant d'autres... ne conservaient intacts tout leur pouvoir d'évocation et tout leur émouvant mystère.
Au sommet du donjon...
Au loin, on devine le site exceptionnel du château de Peyrepertuse, et au pied le village de Cucugnan, tout en rondeur.
Vus du château de Quéribus, les toits de Cucugnan, si lumineux, si clairs mériteraient la gloire, si le village n'avait déjà, collée à son nom, la légende tenace d'un curé rendu célèbre par Alphonse Daudet.
Et la vigne vibrante de soleil vient battre en vagues molles le pied des falaises.