Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La rivière de mes passions & des parfums
Archives
8 mars 2008

" Chagrin d'école " de Daniel Pennac "Y ou le présent d'incarnation... je n'y arriverai jamais"

"Le chagrin d'être cancre relève", dit Daniel Pennac, "du chagrin d'amour. Le cancre a le sentiment d'être profondément inutile, donc indigne d'amour. " Une douleur dont il est difficile de se remettre.

Avec sa plume altière et généreuse, Daniel Pennac raconte avec tendresse, sensibilité et mesure ses difficultés scolaires. Dans ce livre, dont il importe peu qu’il soit roman ou essai, il sonde les cœurs du fond de la classe, en évitant le risque majeur d’une telle entreprise: présenter sa nullité comme une admirable rébellion, alors qu’il s’agit en fait d’une indicible souffrance.
L’auteur a heureusement croisé le chemin de professeurs qui, comme lui, avaient compris qu’un cancre n’est pas un raté, mais simplement un enfant incapable de demander de l’aide. Pennac se lance alors dans des considérations sur le métier de professeur, qu’il a choisi et exercé pour sauver des enfants comme lui.
Le cancre se vit comme indigne, ou comme anormal, ou comme révolté, ou alors il s’en fout. Très vite, il n’en veut plus de votre savoir. Il en a fait son deuil. Comme il lui faut des compensations il va briller dans d’autres secteurs.
" Une bonne classe, c’est un orchestre qui travaille la même symphonie. Et si vous avez hérité du petit triangle qui ne sait faire que ding ding ou de la guimbarde qui ne fait que bloïng bloïng, le tout est qu’ils le fassent au bon moment, le mieux possible, qu’ils deviennent un excellent triangle, une irréprochable guimbarde et qu’ils soient fier de la qualité que leur contribution confère à l’ensemble."
Malgré ces petits moments drôles, tendres, revigorants, Pennac se perd parfois en conjectures sur les jeunes ou la société de consommation. Il est conscient du danger de paraître un peu vieil oncle au réveillon de Noël, mais il ne parvient pas toujours à éviter l’écueil. C'est aussi un fait, que les jeunes ou les moins jeunes utilisent les noms propres de "Marque" à la place des noms communs devenu peut être trop commun dans une société de surconsommation qui a des soucis de "pouvoir d'achat".
Malgré ces faiblesses, j’ai beaucoup aimé la philosophie du livre, qui s’élève loin au-dessus de la cour de récré. Nourri de quelques textes que Pennac apprend à ses élèves, et dont on se délecte, c’est un vibrant appel à l’écoute de l’autre, au dépassement du discours désabusé sur les autres, et surtout sur soi-même. C'est un livre que je conseille à tous, le mien est déjà passé dans plusieurs mains et je pense qu'il va encore pas mal tourné.


"Y ou le présent d'incarnation... je n'y arriverai jamais"
" Il faudrait inventer un temps particulier pour l’apprentissage.
Le "présent d’incarnation", par exemple.
Je suis ici, dans cette classe, et je comprends enfin !
Ça y est ! Mon cerveau diffuse dans mon corps : ça "s’incarne".
Quand ce n’est pas le cas, quand je n’y comprends rien, je me délite sur place, je me désintègre dans ce temps qui ne passe pas, je tombe en poussière et le moindre souffle m’éparpille.
Seulement, pour que la connaissance ait une chance de s’incarner dans le présent d’un cours, il faut cesser d’y brandir le passé comme une honte et l’avenir comme un châtiment. "

« Février 1959, septembre 1969.

Les dix années où je suis devenu.
A quoi tient la métamorphose du cancre en professeur ?
Et accessoirement, celle de l’analphabète en romancier ?
C’est évidement la première question qui vient à l’esprit.
Comment suis-je devenu ? »

"C'était moi Daniel Pennacchioni, cancre. Fils d'un polytechnicien et d'une mère au foyer. Élevé dans une famille aimante et cultivé, dernier de quatre garçons dont les trois premiers ont fait de bonnes études. Et pourtant, moi, cancre rédhibitoire..."

"La peur fut bel et bien la grande affaire de ma scolarité ; son verrou. Et l'urgence du professeur que je devins fut de soigner la peur de mes plus mauvais élèves pour faire sauter ce verrou, que le savoir ait une chance de passer."

Chagrin d'école pourrait être aussi lu, tout simplement, comme l'hommage d'un cancre à ses parents. A sa mère centenaire, éternellement inquiète pour son avenir, qui lui demande encore : «qu'est-ce que tu fais dans la vie ?» Et à son père, qui l'aimait avec une ironie distante. Un jour de grosse déprime, Daniel regardait de sa fenêtre les falaises alpines avec de sombres pensées. Son père frappe alors à la porte et passe la tête par l'entrebâillement : «Ah ! Daniel, j'ai complètement oublié de te dire : le suicide est une imprudence.»
Devenu prof de lettres, la plupart du temps dans des établissements défavorisés, il se fait un devoir de repêcher des élèves en difficultés. Écrivain célèbre, souvent invité dans les écoles, il les repère encore immédiatement, «à un je ne sais quoi de décalé dans leurs voix, un ton d'excuse ou une véhémence un peu vacillante».

A un moment, dans le livre, il parle d'un établissement à Blanc-Mesnil, c'est drôle comme les mots prennent encore davantage d'importance lorsque les lieux vous "appartiennent" presque en quelque sorte...( j'ai vécu dans cette banlieue de l'âge de 10 ans à 18 ans).

Être cancre toute sa scolarité, ça ne s'oublie pas. «Si l'on guérit de la cancrerie, on ne cicatrice jamais tout à fait des blessures qu'elle nous infligea, écrit Daniel Pennac, cette enfance-là n'était pas drôle.» Il en a pourtant fait un livre léger et sautillant, parfois un brin verbeux. Il y raconte la honte et la solitude de l'élève qui ne comprend jamais rien, l'humiliation lorsque le prof note en dessous de zéro «moins trente-sept en dictée, Pennacchioni (son vrai nom), la température est de plus en plus basse.»


J'ai connu moi aussi à l'école communale parisienne dans le 18 ième arrondissement, école élémentaire de la rue Bélliard encore à l'époque École de Filles bien sûr, avant 1968, les moins quelque chose...
Surtout en conduite, j'étais bavarde !!!
Je travaillais bien mais j'étais très peu disciplinée !!!

A l'époque des 10 bons points qui récompensaient d'une image les plus sages... moi je n'avais  jamais de bon point ni d'image, au contraire j'étais en dette !! Tellement bien que durant deux années à la distribution des Prix , ehhh oui çà existait "ces choses là" de "mon temps", mes prix m'ont été confisqués, supprimés bel et bien, faute de mauvaise conduite, élève trop bavarde !! Cela avait rendu mon père furieux et il avait interdit à ma mère de m'emmener à la cérémonie durant ces deux années, il voulait me protéger de la méchanceté des adultes.
Nous traînons tous nos "Chagrin d'école".

Copie_de_chagrin_d__coledaniel_pennac_2

Publicité
Commentaires
La rivière de mes passions & des parfums
  • Je crois à la grâce des présences mais je ne crois pas au hasard des rencontres. Les hommes vivent des passions extraordinnaires et des chagrins inoubliables. La vie nous réserve bien des surprises.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Publicité