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La rivière de mes passions & des parfums
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27 janvier 2008

" Baisers de cinéma " d'Eric Fottorino

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Soudain, je me suis retrouvée immergée dans un monde où certains lieux et certains films m'ont profondément interpellée.
C'était dans une autre vie, vous le savez bien, "on vit tous plusieurs vies", c'était entre 1975 et 1976, J'usais mes jean's entre l'île Saint Louis (le café "Le flore en l'île"), c'est drôle l'été dernier avec Isabelle la maman de doudou chéri, nous sommes allées déguster une glace Bertillon dans ce café bien rénové, le quartier Latin... les cinoches "Les trois Luxembourg" bien sûr, le Dejazet, "l'épée de bois", "Le Champollion", "Studio Action", "Action Ecoles" et bien d'autres petites salles aux écrans" timbres poste" parfois mais où j'y ai vu bien des chefs d'oeuvres, et le quartier du Marais.
C'était ma rencontre avec Peter, c'était la passion dévorante, c'était vivre le moment présent, plus de passé... pas d'avenir..., c'était trop fort, tellement puissant que lorsqu'il a disparu... je n'y ai pas cru! Les circonstances de sa dispartion, je les ai déjà évoquées dans un autre sujet... c'était à cause de son frère qui est décédé dans les toilettes d'un café place Clichy, je vous reparlerai de Peter... c'est sûr.

Voilà, ...
Un fils à la recherche de son identité croit voir dans toutes les actrices de la nouvelle vague une mère possible.

« Je ne sais rien de mes origines. Je suis né à Paris de mère inconnue et mon père photographiait les héroïnes. Peu avant sa mort, il me confia que je devais mon existence à un baisser de cinéma. Mon père donnait peu de détails sur son métier. Il remplissait de minces carnets d’une écriture rapide, sans former aucune lettre, jetant à la diable quelques notes qui lui servaient sur d’autres tournages. Sa vie, c’était la lumière. Il ne pensait qu’à elle, et la nuit, il en rêvait. Il lui arrivait de se lever le matin et de dire avant toute chose : « J’ai imaginé un gris naturel qui irait très bien pour la scène en mer. » Ensuite il m’embrassait sans un mot et je demeurais la journée entière dans le secret de ce gris sculpté par lui au milieu d’un songe. » Photographe de plateau, le père de Gilles Hector a le don de pressentir chez les comédiens leurs moments d’abandon. Il sait saisir sur leurs visages une défaillance, une colère muette, la trace infime d’un incident de tournage. Après sa mort, Gilles prend conscience que sa vie peuplée d’êtres manquants le rend heureux. Son seul héritage paternel est d’être sensible à la lumière. C’est alors qu’il retrouve Mayliss, croisée à l’enterrement de son père deux ans auparavant. Petit à petit, leur relation prend forme et Gilles vit à l’envers de sa vie. Un jour, il découvre un stock de photos et quelques bobines dans le bureau de son père. Sur l’une d’elles, l’actrice ressemble presque trait pour trait à Mayliss. Leur rencontre était-elle vraiment fortuite ? Eric Fottorino offre à son dernier roman des mots doux, presque fragiles, pour raconter un temps où le monde reste un mystère, et où l’amour peut encore apparaître comme un jeu risqué.

Depuis la mort de son père, le narrateur, avocat au Barreau de Paris, passe ses fins de journée dans un cinéma d'art et d'essai à visionner sans jamais se lasser les films en noir et blanc de la Nouvelle Vague.
Car derrière les sourires figés de Delphine Seyrig, Romy Schneider, Françoise Dorléac, Anouk Aimée, Anna Karina ou Jean Seberg, Gilles pense saisir le mystère de son père, détecter une trace de sa mère.
Jean Hector était un capteur de lumière, un génie de la pellicule. L'homme a aimé beaucoup de femmes mais est parti avec ses secrets. Au fils qui a grandi seul, dans son coin, à ressasser ses questions, il ne reste aujourd'hui qu'un appartement avec des photos en noir et blanc, des journaux et des bobines de films amateurs.
Au cinéma Les Trois Luxembourg, le narrateur fait un jour la connaissance de Mayliss de Carlo. « Elle était très belle et très blessée. » Gilles tombe sous le charme, devient amoureux éperdu de cette femme qui est mariée et mère d'un petit garçon. Pourtant, les deux amants vont vivre une liaison fusionnelle, mais épuisante.
Et le roman va s'écrire sur ces deux poids, deux mesures ; d'une part il y a un enfant brisé de n'avoir jamais compris son père et qui cherche coûte que coûte à retrouver sa mère, et de l'autre il y a un homme envoûté par une femme insaisissable, elle aussi. Un seul homme, deux femmes, une quête impossible.

C'est une histoire toute simple, finalement : un garçon qui a perdu son père, qui n'a jamais connu sa mère, qui ne parvient pas à aimer et qui tombe fou d'une femme inaccessible ... « Baisers de cinéma » est un roman mille fois plus troublant qu'il n'y paraît. Le portrait d'un homme s'y dessine, les voix des absents y murmurent et les secrets pleuvent, sans forcément trouver de réponses. Mais c'est ce qui rend ce roman attachant, incontestablement brillant et enchanteur. « Il accumulait des images à charge comme on cherche des preuves contre le temps qui passe. Mais toutes ces femmes finissaient par lui échapper avec son consentement. Loin de percer leur mystère, il prenait plaisir à l'épaissir. » (...) « Voilà ce que j'étais pour lui : un être qui passe et qu'on ne voit pas, un silence, une absence. »

Passages marquants du livre :
"Je ne sais rien de mes origines. Je suis né à Paris de mère inconnue et mon père photographiait les héroïnes. Peu avant sa mort, il me confia que je devais mon existence à un baiser de cinéma." (p.14)

"La salle était obscure mais le visage irradiait d'un éclat naturel. Lorsque les variateurs, à la fin du film, apportèrent un peu de clarté dans la salle, je fus saisi par les ultimes paroles de mon père. Il avait évoqué ces héroïnes qu'il est inutile d'éclairer puisque l'éclat vient d'elles, comme sur les tableaux de Rembrandt. Cette femme derrière moi incarnait la lumière. Elle était sa source et sa destination. Mon père l'avait-il chargé de m'éblouir ?" (p.29)

"Du pur noir et blanc, parfois troublé par la fumée de sa cigarette, il était passé au bleu voilé, comme dans la fameuse ouverture au bleu du générique de Vincent, François, Paul et les autres, où Romy n'apparaissait plus que pour une scène, toute usée par le malheur et l'alcool. Entre aimer et abîmer, prétendait mon père, il n'a y qu'une lettre de différence, le petit "b" de la beauté. Jean Hector aimait certains visages, il en est d'autres qu'il abîmait. Qu'avait-il fait du mien qu'il ne photographiait jamais ? Voilà ce que j'étais pour lui : un être qui passe et qu'on ne voit pas, un silence une absence." (p.164-165)

C'est un hommage au cinéma, aux pellicules noir et blanc des Truffaut, Malle ou Godard que l'on a envie de revoir dans les petites salles du VIe arrondissement, dernières survivantes du cinéma d'arts et d'essais parisien. Récit d'une quête : celle de la mère, inconnue et fantasmée, souvenirs d'un père, regretté et rejeté. Tous ces fils se tissent sous les mots doux d'Eric Fottorino qui semble partager avec ses personnages la passion de la lumière. Il déroule son roman comme une bobine de film, éclaire les apparences, tamise l'intimité et laisse dans l'ombre les mystères des êtres, des sentiments et du hasard.

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delphine
















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  • Je crois à la grâce des présences mais je ne crois pas au hasard des rencontres. Les hommes vivent des passions extraordinnaires et des chagrins inoubliables. La vie nous réserve bien des surprises.
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